LE JOURNAL DE BRIDGET JONES

 
Un film de Sharon Maguire

Etats-Unis. 2000. Scénario : Andrew Davies, Richard Curtis et Helen Fielding d'après son roman éponyme. Photo : Stuart Dryburgh. Musique : Patrick Doyle. Production : Tim Bevan, Jonathan Cavendish, Eris Fellner. Durée : 1 h 40.

Avec Renée Zellweger, Colin Firth, Hugh Grant, Jim broadbent...
 
Les malheurs de Bridget.
Si elle lisait "Cosmo " plus souvent, Bridget Jones saurait qu'elle est une "célibattante " et que le bonheur est au bout du chemin. Problèmes : elle en pince pour un salaud ; son boulot est aussi passionnant qu'un match de cricket ; elle picole pas mal ; elle devrait perdre un peu de poids, et quand elle chante, on a l'impression d'entendre un cochon qu'on égorge…
Bridget Jones est en réalité une pauvre fille qui fait vraiment pitié. Sa vie a le goût d'une tartine de merde, ce qui explique pourquoi personne ne veut la partager. Alors elle écrit tout ça dans son journal et nous oblige à le lire. Pas de chance.

Nothing in Miss Jones.
Voilà bien le genre de films qu'il est préférable d'ignorer pour éviter de répandre tout son fiel. Le type de produit dont la critique s'enferme dans l'étroitesse d'une brève, ni vue, ni connue. Le problème est que l'objet en question, ce fameux "Journal de Bridget Jones ", se présente comme l'adaptation forcément attendue d'un best-seller intersidéral. Et sidéré on peut l'être à la vue de la greffe sur grand écran.

 

Libre au spectateur du film de se demander ce qui a bien pu séduire tous ces lecteurs. Identification à son héroïne ? A condition alors d'aimer le ridicule. Si ce dernier tuait réellement, notre pauvre Bridget disparaîtrait dès la scène d'intro dans les plus atroces souffrances. Son journal se réduit à une accumulation de scènes toutes plus humiliantes les unes que les autres : Bridget en lapin Playboy, Bridget en culotte éléphantesque ou léopard, Bridget en tenue de Noël taillée dans des rideaux… Peut-être plus audacieux que la série des "Martine " mais certainement moins drôle. Le rire attendu laisse place à une moquerie d'autant plus déplacée qu'elle ne se fait pas aux côtés de notre héroïne, mais à ses dépens. C'est à se demander quel plaisir maso Renée Zellweger a trouvé dans l'interprétation d'un personnage si navrant de médiocrité, mis plus bas que terre et malmené scénaristiquement. Les auteurs de l'adaptation font en plus preuve d'un opportunisme gonflé. Rien de neuf, tout est à l'avenant. Sont récupérés des gags de "High Fidelity", les gaffes et quiproquos de "Quatre mariages et un enterrement " et l'ambiance de "Notting Hill ".

 

Normal de retrouver l'influence de ces deux derniers succès, puisqu'ils ont en commun avec "Bridget Jones ", peu ou prou, la même équipe. La grosse différence entre la réussite de "Quatre mariages " et les guimauves "Bridget Jones à Notting Hill" semble tenir à un nom : Mike Newell. Son absence derrière la caméra se fait une nouvelle fois cruellement sentir. Le réalisateur avait su apporter à "Quatre mariages " la fraîcheur et la spontanéité qui font cruellement défaut au film de Sharon Maguire. L'ironie des dialogues et le mordant des réparties, trop systématiques, font des bides. Les rouages de cette mécanique de l'humour sont trop apparents pour surprendre et arracher un rire. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, la bande-annonce de "Bridget Jones ", avec son style best of, désamorce à l'avance certains des gags les plus réussis ; ne laissant derrière eux qu'un silence gêné. On en regretterait presque l'absence de rires enregistrés…

Christophe BENEY

Lire les autres critiques Lien vers le site du film Archives