LES FEMMES

 
OU LES ENFANTS D'ABORD
Un film de Manuel Poirier

France. 2002. Scénario : Manuel Poirier. Photo : Christophe Beaucarne. Production : Maurice Bernard, Michèle et Laurent Pétin. Durée : 2 h.

Avec Sergi Lopez, Maryline Canto, Sylvie Testud, Sacha Bourdo...
 
Tableau de famille.
Tom est dans la phase "crise d'adolescence" de la quarantaine. Il est marié, a trois enfants. Tout cela le déprime. Il a l'impression que tout est vide dans sa vie. Tout l'attise : les affiches, les amants nouveaux… Il erre en voiture en écoutant de la musique nostalgique, mate sans velléité les jolies filles. Son laxisme parental et conjugal n'arrange rien à la situation qui semble équivalente ou presque chez les voisins. En plus de tout ce qui le perturbe, il apprend que son ex petite amie d'il y a huit ans a eu une enfant de lui. Tout va changer. Il se focalisera sur la vie de famille en adoptant sa fille inconnue jusqu'alors et y trouvera le bonheur (avec ses inconvénients) qu'il avait imaginé ailleurs.

La famille et les copains d'abord.
Ce qui marque dans "Les femmes ou les enfants d'abord ", c'est avant tout l'hétérogénéité, d'abord de son contenu puis des plans. Tout semble pris sur le vif et le montage s'éclipse. La première partie est soignée tant au niveau des plans que du cadrage, mais aussi du scénario.

 
Puis, au bout d'un quart d'heure, il semble que tout s'improvise. On a l'impression de regarder les rushes d'images tournées au caméscope dans le cadre familial. Les cadrages se font de plus en plus approximatifs, la composition des plans s'improvise, la lumière reste naturelle, sans retouche ni travail stylistique ou esthétique, les plans s'allongent sans raison…. Et c'est à l'avantage du film, qui nous plonge véritablement dans cet univers aussi fantasque que dramatique, à l'image de ce redondant mais invisible travelling avant très lent vers les personnages.
Bien vite, on oublie la caméra et on participe à la vie de famille qui nous immerge dans le souvenir d'instants anodins et enfouis au fond de la mémoire, mais qui lorsqu'ils remontent à la surface nous tire la larme. Car même si le film est drôle, c'est la nostalgie qui le gouverne. Il est évident que "Les femmes ou les enfants d'abord " ne peut pas toucher tout le monde. Il relate les aléas de la famille nombreuse issue d'une catégorie socio-économique et culturelle moyenne, évoque des relations de voisinage typique de la classe moyenne…
 

Mais ce qui frappe, c'est sa nature quasi sociologique. Les comportements en groupe, les tabous, les problèmes communicationnels, les vicissitudes de la relation parent-enfant et conjugale y sont traités avec une précision remarquable pour qui les a connus. Au premier abord, on trouverait ces personnages trop convenus. Pourtant, l'aspect vériste du propos ajouté au caractère réaliste de la réalisation, nous démontre avec force la qualité de la transcription sur l'écran. On a même du mal à discerner acteurs et personnages tant l'improvisation est bien utilisée par le réalisateur (en particulier grâce aux enfants qui ne jouent pas, ils vivent vraiment les situations).
On reprochera le film entre potes dont les petits sourires et œil en coin, les improvisations laissent deviner la connivence et la complicité. Pas moi. Tout dans "Les femmes ou les enfants d'abord " est de la spontanéité qui caractérise la famille (y compris les copains). En bref, ce film donne le sourire, un sourire plein de nostalgie positive, celle qui resurgie et vous donne chaud au cœur lorsqu'on ressasse ses souvenirs avec ses amis autour d'une bière... Du "bonheur en barre " !


Sébastien JOUNEL

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