REINES D'UN JOUR

 
Un film de Marion Vernoux

France. 2001. Scénario : Marion Vernoux et Nathalie Kristy. Photo : Dominique Colin. Musique : Alexandre Desplat. Production : Alain Rozanes et Pascal Verroust. Durée : 1 h 34.

Avec Karin Viard, Hélène Fillières, Sergi Lopez, Gilbert Melki, Jane Birkin, Victor Lanoux, Marie-Sophie L....
 

Hortense, son mari Antoine, son frère Pierre et Marie sont sur un bateau. Enfin, sur une péniche. Pierre se marie. Marie prend des photos. Pierre couche avec Marie. Tout ce petit monde va se trouver bien marri à Paris lors d'un, pas si beau, jour de décembre. Luis, chauffeur de bus de son état, se fait plaquer. Hortense veut de l'adultère. Marie est enceinte. Et Shermann s'en fout. A la veille de Noël, y a vraiment des marrons dans la gueule qui se perdent…

Les malheurs des eux font le bonheur des autres. Et quand les autres, c'est nous, humbles spectateurs, il y a de quoi se montrer satisfait. "Reines d'un jour " ne brille certes pas par sa réelle originalité. Le film s'inscrit délibérément dans la mode des divertissements de troupe, avec farandole de personnages gentiment décalés et hasards nécessaires. La recette a déjà fait ses preuves avec "Le battement d'ailes du papillon ", "Le goût des autres " et "La bûche ". Des références plutôt nobles à qui "Reines d'un jour " emprunte successivement la délicate mécanique de la coïncidence, l'étude de caractère pertinente (servie par une distribution aux petits oignons) et… l'esprit de Noël.

 

Réduire le film à ce simple best-of franco-français serait pourtant une regrettable erreur. Le plaisir savamment distillé par "Reines d'un jour " gomme, doucement mais sûrement, l'impression de déjà-vu. Marion Vernoux, également co-scénariste, porte à ses personnages un amour qui force le respect et l'adhésion. Par petites touches successives, chacun d'eux devient attachant et terriblement proche. Pas de détestables salauds à l'horizon : l'affection éprouvée pour les personnages ne tient pas pour autant à leur foncière sympathie. Elle relève plutôt de la caractérisation ébouriffante de précision, de sincérité et de simplicité de leurs comportements. Une poignée de répliques suffit à cerner les envies et les déceptions de chacun. Sans caricature, simplement en suggérant, par un regard ou un mot, l'étendue de leur malaise intérieur. Cette réussite narrative, cette densité dramatique, doivent évidemment beaucoup aux interprètes et à l'alchimie s'opérant entre eux. Il sont tous absolument impeccables, jusque dans les plus petits rôles (avec une mention pour les complices d'Edouard Baer, Joseph Malerba et Francis Van Litsenborgh, vus dans "La bostella ").

 

Des comédiens qui savent donner le plus grand intérêt à la moindre des péripéties. Et si "Reines d'un jour " reste énergique sur toute sa durée, c'est aussi parce que Marion Vernoux sait relancer sa machine et l'attention du spectateur. Elle évite la routine en diversifiant sa mise en scène pour coller aux personnages : ralentis et distorsions du temps pour Hélène Fillières ; monologues intérieurs pour Karin Viard ; découpage serré en plans brefs de romans photos pour Victor Lanoux… Autant de changements, de ruptures de ton, de variations sur le même thème, qui loin de perturber l'unité du film, s'inscrivent dans la continuité du récit et le rendent plus intriguant.

Christophe BENEY

Lire les autres critiques Lien vers le site du film Archives