MES VOISINS LES YAMADA

 
Un film de Isao Takahata.

Japon. 1999. Scénario : Isao Takahata, d'après la bande dessinée de Hisaichi Ishii. Directeurs d'animation : Osamu Tanabe et Yoshiyuki Momose. Musique : Akiko Yano. Production exécutif : Yasuyoshi Tokuma. Durée : 1 h 44.

Avec les voix de Yukiji Asaoka, Tôru Masuoka, Masako Araki, Hayato Isohata, Naomi Uno...
 

Le réalisateur du "Tombeau des lucioles ", Isao Takahata, a adapté une BD mettant en scène les petites mésaventures d'une famille japonaise moyenne. Résultat : "Mes voisins les Yamada ", un film réjouissant qui mêle avec bonheur péripéties burlesques et réflexions douces-amères.

 

Le trait paraît au premier abord un peu grossier. Le style des personnages semble lui bien naïf pour apporter une once de crédibilité à l'histoire. Tout laisse présager d'un divertissement interdit aux adultes. C'est dire si les Yamada cachent bien leur jeu, car la dernière œuvre du maître japonais Takahata est assurément un film hors du commun.
Le réalisateur du "Tombeau des lucioles " s'est attaqué à l'adaptation d'une BD publiée dans le premier journal du Japon, Asahi Shinbun. Quatre cases quotidiennes racontant la vie d'une famille moyenne typique où les trois sacro-saintes générations cohabitent sous le même toit, pour le meilleur et pour le pire.
Shige est la grand-mère acariâtre à souhait. Matsuko est une femme au foyer qui en assez d'être considérée comme la bonne à tout faire. Son mari Takashi est un "salary-men " typique, comme le pays du soleil levant en compte par millions. Le fils, Noboru, est incapable de se concentrer plus de quelques minutes sur ses devoirs. La fille, Nonoko, s'efforce d'être raisonnable en toutes circonstances. Tout ce petit monde se dispute, se fait des crasses et se pardonne dans une série de sketches tour à tour drôles et touchants.

 

Il y a dans "Mes voisins les Yamada " un fragile et subtil équilibre entre humour (l'irrésistible bataille pour la télécommande du téléviseur, la reprise de "Que sera sera " en Japonais) et émotion (la visite à l'hôpital, la solitude du père) qui force le respect. Cette chronique de la vie de tous les jours évite non seulement la banalité, mais se paie également le luxe d'être résolument poétique. Chaque séquence s'achève ainsi sur un haïku, aphorisme lyrique typiquement japonais, qui donne à l'ensemble du film une douce mélancolie. Le style des dessins n'est pas pour rien dans cette sensation. Ces derniers ont été réalisés sur ordinateur (certains effets de mouvement en trois dimensions sont d'ailleurs étonnants) en imitant le style de la peinture à l'eau. Ce choix artistique donne à "Mes voisins les Yamada " cette impression d'innocence et de fragilité qui fait de ce film un objet précieux et terriblement attachant.

Christophe BENEY

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