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"Une ambiance |
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de récréation
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Le césar
du meilleur second rôle pour "Ma petite entreprise
" tient le premier dans un second film, celui de Thomas
Bardinet. Avec à la clé un tournage plein de
bonne humeur, sur un air de Polnareff. |
Connaissant vos origines bordelaises,
pourquoi ne pas avoir tourné à Bordeaux ? |
Thomas Bardinet : Mon premier long métrage,
"Le cri de Tarzan ", a été tourné
à Bordeaux. C'est la ville où j'ai fait mes
études et vécu jusqu'à 19 ans. J'avais
envie de changer. Le personnage de Jacques (NDR : François
Berléand) est très parisien. Là-bas,
il y a beaucoup d'artistes qui forment une véritable
classe sociale. Ils vivent comme Jacques, toujours entre
deux choses, et ne sont pas riches. Et selon moi, le seul
endroit où les trouver, c'est à Paris, centre
de la culture.
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Avez-vous pensé à
François Berléand en premier pour le rôle
de Jacques ? |
T.B. : Non. Le co-scénariste, Gilles Marchand,
a eu l'idée du film. Et il était lui-même
un très bon modèle. Je n'ai pensé à
personne d'autre que lui en écrivant le scénario.
Le personnage de Jacques est pompé sur lui. François
n'a pas été mon premier choix. Nous avons
fait un casting et dès que je l'ai vu, j'ai compris
que c'était lui.
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Comment avez-vous préparé
le personnage de Jacques ? |
François Berléand : J'ai trouvé
le scénario à la fois intelligent et drôle.
J'appréhendais ce personnage car il était
ce que j'étais à 20 ans. Aujourd'hui encore,
je me sens en "post adolescence " et mes enfants
sont les premiers à se plaindre.
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Le personnage de Jacques est-il
proche de Thomas Bardinet ? |
F.B. : Je pense qu'il y a quelque chose de Thomas
dans Jacques, vu qu'il a écrit le scénario.
Mais pas tant que ça en fait.
T.B. : En effet, il y a beaucoup de moi dans le personnage.
Le film m'intéressait car j'avais affaire à
un personnage a priori plus éloigné de moi
que ceux de mes courts métrages, mais fascinant.
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C'est un personnage qui a peur
de mourir… |
F.B. : Non. Il n'a pas conscience du temps qui passe.
C'est un branleur en somme.
T.B. : Dans le film, il y a tout de même des
passages où il se rend compte de son âge, même
si c'est présenté de façon amusante.
Il ne considère la vieillesse que d'un point de vue
physique.
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Comment était François
sur le plateau ? |
T.B. : J'ai beaucoup travaillé le film avant
le tournage. Du coup, nous nous sommes permis plus de liberté.
J'étais ouvert à tout imprévu. Pour
moi, la spontanéité va de pair avec le travail.
Il y avait cette fraîcheur proche du théâtre,
une ambiance de recréation autour du texte, quelques
coupures, des inventions. J'aime les acteurs concernés.
Par exemple, la scène avec le chat, François
a profité de ce qui se passait pour improviser. Ce
travail nous a apporté beaucoup de joie.
F.B. : C'est vrai que personne n'était stressé.
Thomas a même exigé que je "m'auto-évacue
" !
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Il y a beaucoup de nostalgie dans
le choix des chansons. Pourquoi ? |
T.B. : Je chantais, et je chante toujours à
mes enfants, la chanson des "Marche du palais "
: elle est redondante, elle a un effet hypnotique. C'est
une de ces "chansons madeleines " qui prennent
de l'importance, car on les a entendues à un moment
clé de sa vie. Elles laissent libre cours aux souvenirs,
comme celle de Polnareff concernant la femme de Jacques.
Il y a toujours moyen d'attacher de la nostalgie à
une chanson. Au départ, avec le co-scénariste,
nous voulions une chanson attachée à une époque
précise. Polnareff date leur histoire d'amour.
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Avez-vous eu des contacts avec
Michel Polnareff ? |
T.B. : Aucun. Au départ, je voulais une autre
chanson, mais sans celle-ci le film ne se serait pas appelé
comme ça.
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Propos recueillis par
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Eric BEZIAN, Gilles BRUN et Paul-Emile
JUDE
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